vendredi 26 février 2016

Soirée présentée par Elie Geffray: Comment se faire une opinion sur les problèmes actuels?










Soirée débat avec Elie Geffray le jeudi 3 mars 2016.

   Devant une belle assemblée d’une centaine de personnes Elie Geffray est venu nous parler de l’information et de la façon de se former une opinion sérieuse et réfléchie sur les nombreux et complexes sujets de l’actualité.

1       1.- Abondance de l’offre en matière d’information générale.

   La presse papier a été créée dans les années 1790, à la fin di 16e siécle par Théophraste Renaudot, sous forme de Gazette. L’objectif était de faire connaître au public de toutes les catégories sociales, y compris les plus pauvres, « ce qui fait du bruit  sur les choses qui adviennent ». Sur ce thème le conférencier nous a donné les chiffres des tirages actuels  des grands journaux papier et de leur diffusion nationale : tirage / Le parisien aujourd’hui en France : 400 000 exemplaires; Le figaro 317 000, Le Monde 275 000, Les échos 123 000 ; Libération 101 000 ; La Croix  94 000, le seul en augmentation ;  jusqu’à L’humanité 40000 ex. ; la plupart de ces journaux sont en perte de vitesse en version papier.





   Le choix d’E. Geffray pour son information se porte sur un tiercé : La Croix, Le Monde (en particulier Le Monde des livres, le vendredi) et Libération (par « romantisme sartrien »). La lecture des grands quotidien nationaux permet d’avoir une information large et contradictoire ; c’est exigeant et couteux, mais il nous recommande de « fréquenter une fois par semaine un quotidien national pour prendre de la hauteur ».

   -La presse régionale a un fort tirage, (760 000 exemplaires pour Ouest-France), elle compte quelques bonnes plumes et permet aussi à travers le « Point de vue » en fin de journal (OF) de connaître des opinions variées sur un problème particulier (voir la chronique du 23/02 : «  L’Islam est-il compatible avec la république ?»). Il est intéressant de croiser la presse régionale et nationale pour se constituer des petits dossiers sur tel ou tel sujet.




   -La presse locale ou de proximité a toute sa place ; par exemple l’Hebdomadaire d’Armor (indépendant) a une diffusion à cheval sur 3 départements, et cette presse par les infos locales, développe le sentiment d’appartenance à un groupe, à un territoire, à travers la vie des associations et des communes. Il est souhaitable que cette place hiérarchise plus les informations : faut-il donner la même place à une conférence de l’UTL ou à un tournoi de belotte ? La presse locale permet une ouverture aux idées nouvelles, un enrichissement et doit nous « tirer vers le haut ».

   -Les radios nous permettent également des nous informer, mais elles ne prennent pas toujours le temps d’approfondir les sujets, ce qui est pourtant nécessaire.






   -Les télévisions nous informent essentiellement à travers les « journaux télévisés » ; mais les objectifs ne sont pas tous les mêmes : pour France2 : informer/ instruire/ distraire ; pour TF1 : l’audience/ l’audience et encore l’audience. Il reste des débats de qualité, par exemple « C’est dans l’air » sur la 5.

   -Internet : « un média qui est bien pratique mais qui pose beaucoup de problèmes » (Alain Rémond) ; comment consulter internet en faisant des choix et utiliser cet outil sans perdre le lien social ? Cette technique de communication doit être régulée et soumise à la loi. Quant aux réseaux sociaux, les échanges y sont le plus souvent d’une grande pauvreté.




   2- Comment se repérer face à une telle variété ?
 
   Un conseil : prendre du temps et se repérer dans un média de référence : approfondir un sujet, croiser les opinions, ne pas hésiter à lire de temps en temps la presse satirique, « c’est assez sain » ! Et en lisant les grands hebdos, se méfier de la « people-isation » des sujets traités et de l’appauvrissement qui en découle. L’important est de prendre conscience de notre appartenance à une communauté : l’opinion publique.




3       3.- Ce qui pollue les médias.

   Il faut se reporter à l’ouvrage de Guy Debords dans les années 70, « La société du spectacle », pour comprendre à quel point l’information devient une marchandise, et se développe (parfois) à travers le culte de la vitesse, de l’émotion et de l’info superficielle : il faut avant tout « faire le buzz », au détriment du temps d’approfondissement. Certains jeunes journalistes manquent cruellement de culture ; ils centrent leurs interview sur l’attente d’une réponse déjà prévue, ou par exemple, sur un schéma du « folklore provincial ». Le résultat est pauvre et superficiel.





4      4.- La question de la nationalité.

  A cause de la crise actuelle, on parle tous les jours de nation et de nationalité, il faut tenter de comprendre de quoi on parle.  Elie Geffray fait alors référence à Ernest Renan qui a donné sa conception de la nationalité en 1882 à la Sorbonne : ce qui fait une nation ce n’est pas la race ; la notion de « race blanche chrétienne » ne correspond à rien. La France a une identité, faite du mélange des origines, et des religions, même si elle a des racines chrétiennes. Il existe aussi une communauté d’intérêts économiques, comme à travers la création de l’Europe, mais ce n’est pas seulement ça qui fait une identité. La chose la plus importante, c’est le partage des valeurs communes, des valeurs liées à des évènements du passé ; mais aussi à des éléments du présent. L’identité se construit par le choix que chacun fait tous les jours de participer à cette communauté de valeurs. Dans l’avenir, la nation sera dépassée par les « Etats-unis d’Europe » ; cela va au-delà d’un simple marché économique. Aujourd’hui, le politique n’assume pas en Europe cette connaissance de nos valeurs.








   Au cours du débat est abordée la question des migrants : il faut se demander quels sont leurs souhaits : une vie meilleure. Elie Geffray propose d’établir un accueil avec un temps de probation, pour leur permettre de connaître et d’intégrer nos valeurs. Il ne faut pas confondre « nationalisme » et « patriotisme » ; le nationalisme est une attitude de fermeture, et a toujours entraîné des guerres, tandis que le patriotisme correspond à une attitude d’ouverture et de solidarité.




   Une autre question porte sur la qualité des chaînes d’info continue : c’est la course à l’info superficielle, à la curiosité malsaine ; il n’y a pas d’approfondissement sérieux ni de temps de recul nécessaire. Certains sondages (Europe1) posent uniquement la question : « êtes-vous pour ou contre tel sujet … » ; cela n’a aucun intérêt, car le ressenti n’est pas un jugement construit.






   Enfin est posée la question de la place de l’argent dans les médias, avec pour exemple la présence de V. Bolloré sur Canal plus et la perte d’l’esprit Canal. Pour Elie Geffray, idéalement, l’information devrait être payée par nos impôts.


   La soirée s’est terminée par l’appel d’Elie Geffray à écouter la prochaine conférence donnée par un de ses amis, Georges Lefeuvre, anthropologue et diplomate, sur la question Afghane, et la naissance du terrorisme dans le territoire Afghanistan-Pakistan. (jeudi 24 mars).



LAUR'ART

Association culturelle du Mené
22230 Laurenan


Contact pour réserver et plus d'infos: 

Présidente:

Monique Leclerc 02 96 56 61 10

Vice-présidente:
Marie-Thérèse Goubin 02 96 66 23 28 






©José María Gil Puchol Productions 2016
Photographe à Loudéac 22600 France

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