dimanche 20 mars 2016

Georges LEFEUVRE: "Des Talibans à Daesh: aux sources du terrorisme dans la region Afghanistan-Pakistan".







Thème: "Afghanistan-Pakistan ou la fracture des peuples, des talibans à Daesh". 

Georges Lefeuvre est anthropologue, il a vécu plus de 14 ans dans la région frantalière dite Af-Pak, et a appris la langue des tribus locales. Il témoigne: "Cette zone est une région frontalière d'insurrections permanente depuis trois siècles environ (pourquoi?), et c'est sur ce terrain insurrectionnel qu'est venu se greffer le djihadisme international dans les années 90".

Il nous aide à comprendre la complexité du phénomène terroriste. 







Anthropologue de formation, Georges Lefeuvre a longtemps vécu dans la région frontalière Afghanistan-Pakistan et côtoyé de près les chefs de tribu des Kafir-Kalash, et pachtouns. Fort de cette parfaite connaissance du « terrain », il est d’ailleurs devenu un interlocuteur privilégié sollicité par le ministère des affaires étrangères. Le 24 mars dernier, il était invité de l’association Laur’art pour une conférence d’une grande richesse qui a permis à l’auditoire de mieux comprendre ce qui se passe dans cette région, au moment où le problème du terrorisme frappe l’Europe de plein fouet. 






D’emblée, le conférencier pose des bases claires : « expliquer, chercher à comprendre, ce n’est pas excuser ». Et pour comprendre et éclairer l’auditoire, Georges Lefeuvre, carte à l’appui remonte le cours de l’histoire. Il évoque tout d’abord les premières révoltes du peuple pachtoun en 1727 à l’heure où l’Afghanistan fut créé. Privé d’espace vital, ce peuple se retrouvait coincé, pris en étau. Il parle ensuite des deux grands empires coloniaux l’Inde Britannique et la Russie des tsars et rappelle qu’à l’heure de la décolonisation, l’occident a unilatéralement tracé des frontières (la ligne Durand) créant artificiellement le Pakistan en 1947. 






Là encore, les tribus pachtoun se sont retrouvées reparties entre deux nations l’Afghanistan et le Pakistan. Ces frontières créées par l’idéologue coloniale, n’ont en fait jamais été reconnues par nombre de tribus. S’en sont suivis de longues périodes d’insurrections permanentes sur fond de plaies mal refermées depuis deux siècles et demi, et d’injustices faites à des groupes humains. Le conférencier explique aussi que la notion de nation n’a pas la même résonnance chez les musulmans qui y voient une communauté de croyants avant tout et non un état. 








Après cet exposé de géopolitique précis, Georges Lefeuvre nous explique comment on peut passer de l’insurrection au terrorisme. Il définit le salafisme comme une doctrine du retour en arrière. Pour lui, les salafs ne sont pas des terroristes. L’origine du terrorisme est plutôt à chercher dans le Whahabisme, religion officielle en Arabie Saoudite. Dans les années 80, naissait Al Quaïda avec Ben Laden, des théoriciens, des financiers whahabistes dans la zone proche de Peshawar à la frontière des arabes saoudiens d’origine. Les occidentaux sont jugés co-responsables de ces grans déséquilibres. Il s’agit alors de « casser les états » et de « rassembler la nation musulmane ». C’est la fracture des peuples due à la souffrance des peuples. 








Au départ, les Talibans n’ont rien à voir avec Al Quaïda. Les salafistes, tribu parmi d’autre, veulent reprendre leur pays. Le 11 septembre 2001 marque une fracture. Georges Bush, touché au cœur de son mandat, frappe alors l’Afghanistan ce qui est une grave erreur. Les talibans refusent de livrer Ben Laden un « ami ». quatorze ans après, les Talibans reprennent la totalité de l’Afghanistan. 






L’échec est total pour l’occident. Pour le conférencier, ce n’est toutefois pas avec les Talibans qu’il faut négocier mais avec les chefs de tribu. Il dénonce et regrette l’ignorance des hommes politiques sur la connaissance des peuples. Il prône une mission diplomatique entre le Pakistan et l’Afghanistan, deux états arque-boutés l’un contre l’autre. 






Enfin, concernant l’attirance des jeunes pour le Djihad, le conférencier pense que cela n’est pas uniquement dû à la misère sociale. Dans une société occidentale qui n’offre plus de rêve aux enfants, certains peuvent se croire les « nouveaux chevaliers de la société de demain ». « Quand on a plus de place pour le rêve, on se suicide, ou on prend les armes… ». En conclusion, il s’agit aujourd’hui pour nos grands décideurs politiques occidentaux reconnaître ses erreurs pour réparer et ré harmoniser. Vaste chantier.




















































LAUR'ART

Association culturelle du Méné
22230 Laurenan


Contact pour réserver et plus d'infos: 

Présidente:

Monique Leclerc 02 96 56 61 10

Vice-présidente:
Marie-Thérèse Goubin 02 96 66 23 28 






©José María Gil Puchol Productions 2016
Photographe à Loudéac 22600 France




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