samedi 3 février 2018

Pablo Escobar et le cartel de la drogue en Colombie.









Jeudi 11 octobre 2018 

à 20h30

Salle des fêtes de Laurenan 22230


Adhérents 4€, non adhérents 6€ 

Puverture des portes à 20h


Soirée présentée par 


Edwin Molina

Écrivain né en Colombie en 1972 et résidant en France depuis 1996. Aujourd'hui habite Saint-Brieuc. 

Il exposera le parcours et le développement des protagonistes, tels Ingrid Betancourt ou Pablo Escobar, de cet évènement qui a touché la Colombie pendant très longtemps.

En partant de ces deux protagonistes, Edwin exposera une vision de ce qu'était la Colombie dans les années 90 et ce que les Colombiens sont en train de vivre aujourd'hui, plus d'autres conflits qui sont en cours.

Vous pouvez trouver les récits d'Edwin Molina en français "La rue: ombre du double" et en espagnol "Relatos Cuánticos" Molina chez Biblioteca Amanecer.



Vous pouvez lire ci-dessous quelques traductions du travail littéraire d'Edwin Molina:




    1.    LA RUE : OMBRE DU DOUBLE





La rue était vide, c’est ce que je croyais. Elle n’avait rien de ces rues que l’on voit dans tant et tant de films : verticales, obscures, avec des poubelles métalliques renversées et des courses intempestives de rats et de chats, non. C’était plutôt une rue au crépuscule, horizontale, au-dessus de laquelle se déployait ou se laissait  deviner le vert.



Le vert d’une montagne ou d’une forêt étale.

Je compris que la nuit tombait, car une lumière fendillée teintait le sol. Je fus comme toujours entre le marteau et la fleur. Il n’était pas facile de se trouver face à une fleur.



Je dis que la rue était vide à cause du silence humain que l’on remarquait. On entendait l’ordinaire d’un après-midi tirant sur le crépuscule : l’oiseau que l’on ne voit pas, le vent qui frappe et ricoche en chaque feuille, quelque cri d’animal lointain. Menaces de pluie : elle ne se montra pas, mais je supposai que c’était la règle en des jours comme ceux-là.



Je ne crus pas opportun d’accélérer le pas, encore moins de le ralentir, je voulais découvrir la tranquillité de la rue dans sa virginité apparente. Il aurait fallu qu’il fasse un peu plus froid, mais je ne le souhaitais pas non plus. Il m’est arrivé de souffrir du froid et je sais que les souvenirs altèrent les sensations.


Passée la première partie de la traversée, je notais en moins d’une seconde ce qui semblait être ou qui annonçait la présence de quelqu’un.

Durant le premier quart de seconde, je vis passer une ombre étirée, trop fine pour être humaine, bien qu’il ne puisse en être différemment. Au bout des microsecondes suivantes : un murmure tout proche, presque à côté de moi mais ressenti ailleurs.

Je me mis à penser à la nuit, celle pendant laquelle oui, j’étais passé par une rue sombre, pleine de chats et de rats se pourchassant de toutes parts. Je pensais à cela et aux quelques microsecondes qui suivirent le premier quart de seconde.
On doit supposer que cette version que je donne du temps, c'est-à-dire la seconde en question, est réelle et exacte.

Il n’y eut rien de plus que quelques battements pendant les microsecondes suivantes qui ne parvinrent pas à la moitié de la seconde mais qui  poursuivaient leur inlassable  avancée.

Vint un moment d’activité maximale, et ce fut lorsque j’entendis un coup ( je suppose qu’il s’agissait de l’ombre perçue pendant le premier quart de seconde, contre quelque chose que je ne pouvais pas bien identifier mais que je déduisis être un mur). Il n’y eut rien de plus durant les millièmes de secondes suivantes, si ce n’est dans mes perceptions et mes armes défensives ; j’étais préparé à toute éventualité, y compris celle du combat.

J’avais, en d’autres temps, reçu une petite formation en arts martiaux. Il s’agit, ainsi que le démontrent les grands maîtres, de toujours éviter l’ennemi, de lui faire sentir notre totale absence de violence et notre vulnérabilité physique sans que le mystère ne cesse de l’inquiéter.

Oui bien sûr, il y aura toujours des puristes pour dire que ces aprioris relèvent d’une forme d’abandon ou d’un manque de combativité. Mais non, d’après les grands maîtres (Maître Gichin Funakosi, celui du Cri Magique ; Maître Anko Asato, celui de la Force de la Main Gauche ; et tous ceux du monastère de Shaolin : le Cri du Félin en Course , surtout connu pour sa course ; le Scorpion qui bat en Retraite , grand mage et maître du rite des adieux ; la Défense du Crabe Presque Endormi , peut-être le plus efficace de tous ; le Lion Terrassé Mais Toujours Vivant , il soignait ses blessures pendant le combat et s’en allait ; le Chat Silencieux , roi de la planque et de la ruse innocente ; le Loup Solitaire , le seul moine parmi les grands ermites qui fut le plus cohérent, etc.) tout ceci fait que l’ennemi, si ennemi il y a, sent que le mieux à faire est de laisser passer, pour ensuite affronter celui qui vient véritablement chargé d’intentions belliqueuses.

L’apothéose eut lieu durant l’ultime quart de seconde : un bruit très semblable à celui d’une plainte. Je le perçus si clairement que je décidai immédiatement d’accélérer le pas. Au cours des dernières microsecondes, je sentis à nouveau l’ombre. Je dis sentis car cette fois je ne la vis pas. Ici, sentir doit se prendre au pied de la lettre. C’est comme lorsqu’on sent que quelqu’un nous regarde, on se retourne et voilà une paire d’yeux qui nous traverse. Pour les ombres, c’est pareil. Je les sens, d’autant plus lorsqu’un ensemble d’actions corrobore cette présence.

Je résolus, sans même y penser, d’accélérer encore le pas, mais non, je pensai à l’aboutissement pittoresque de la rue, à ce clair-obscur qui l’enveloppait. Je suggérai à mon esprit, peu après, c'est-à-dire une ou deux microsecondes plus tard, d’interpréter le passé à l’aune de la confusion des fins d’après-midis.
Il n’en fut rien, les dernières secondes passèrent en vain, après cette seconde agitée, elles n’apportèrent rien de neuf, la rue à nouveau me sembla vide, en l’absence totale de toute présence humaine. En un instant, qui dura peut-être un peu moins d’une demie seconde, cette ombre parvint à me manquer, l’ombre et l’incomparable son qui l’accompagnait. Plus rien ne fut comme avant jusqu’à la fin de la rue.

Les vagues rumeurs, les bruits stridents du néant comblèrent à nouveau les seuils devant lesquels je passai, je sentis un souvenir de froid, souvenir de quand j’eus réellement froid, mais ce n’était pas la réalité de la rue. Peu à peu je sentis la fin, être passé au milieu de tant de murmures sans en avoir détecté un seul, et l’ombre me rejoignit alors que j’atteignais le bout de la rue.
 





     LE CHAT DE SCHRÖDINGER



(Samedi : quand il arriva devant la porte, il préféra ne pas sonner, il fit demi tour et s’en fut sans que l’on remarque sa présence, l’après midi il prit ce qui restait dans sa poche, acheta un livre d’occasion, « Le Cantique des Quantiques » : un livre écrit par deux scientifiques un peu fous.



Il se mit rapidement à le lire, mais il en connaissait déjà une bonne partie. Il n’avait aucune notion de mathématiques aussi décida-t-il de ne pas se préoccuper de tout comprendre. Au bout d’un moment, il pensa à la série qu’il regardait lorsqu’il était enfant : « Cosmos » et ça lui apporta une touche de bonheur.

 

Mais elle ne s’éloignait pas de son esprit. Il essaya d’écrire pour elle, mais il finit par écrire tout autre chose, une chose à laquelle il ne pensait pas, mais ça lui faisait passer le temps).



(Samedi tard dans la nuit ; peut-être entre une heure et deux heures du matin)

Si seulement j’avais la certitude   du chat de Schrödinger, mais je ne l’ai même pas, je n’ai pas ces deux possibilités, je me couche dans mon lit et je pense aux sublimes crépuscules multicolores.



Nous allions, marchant tranquillement, je marchais, mais ne marchais pas, j’avais en tête l’obscure sensation du néant. Parfois lorsque je m’assieds près de cette fenêtre, je n’ai pas envie de pleurer, ni de rire, envie de rien en réalité. Je vois le vase sans fleurs qui s’estompe. Mais parfois je pense à la mort qui m’attend, la sublime mort dans son attente, ce pas discret vers le néant. De toute façon, nous ne sommes rien, une illusion qui se perd, au milieu de tant et tant d’illusions étirées à l’infini.

Et cela me calme de savoir que je fais partie d’un infini que je ne contrôle pas, que je ne peux pas voir. J’en fais partie sans en être un élément fondamental, ni même un maillon particulier, simplement un point qui se meut vers deux directions définies, deux probabilités que je décide à chaque fois.

Que j’aille à droite ou à gauche, c’est une décision unique, mais je sais que si je vais à droite, immédiatement mon autre moi se dirige vers la gauche, et de plus celui qui est parti à droite aura deux options, continuer ou s’asseoir sur une chaise, et moi sans y penser je me suis assis sur la chaise, mais je sais que l’autre a continué son chemin. Celui qui est parti à gauche pourra dormir, ou rester éveillé, moi je resterais endormi et l’autre, éveillé, rêvassant en regardant le plafond. Je pense à celui qui regarde le plafond, en train d’analyser une fissure qui va de droite à gauche, bifurquant à nouveau puis s’ouvrant à nouveau, s’éloignant de son point de départ mais pour encore y revenir.

Dans cette même fissure, il y a ceux qui écrivent de droite à gauche comme en hébreu, et les autres qui écrivent de gauche à droite, comme moi. J’ai continué à me dédoubler allant et venant d’un côté à l’autre sachant qu’inexorablement nous nous dédoublons à l’infini.


Ce qui m’arrive ou pas, fait simplement partie d’un monde de décisions binaires qui se réduisent à chaque instant à une même décision, mais qui s’ouvre à nouveau. Le même ou le néant c’est pareil, le tout, le néant et le même.
C’est ainsi que je l’entends et je sais que l’on peut comprendre chaque moment à un autre moment. Lorsque je vis la lampe, je supposai que je ne l’avais pas vue pendant mille ans, mon temps s’était expansé, ainsi que la proportion de lumière. Chaque atome, chaque pore inclus dans de sublimes parcelles, chacune plus forte mais plus fragile à la fois.

Cette nuit comme toujours je m’endormirai, mais comme toujours, l’autre veillera, les deux vivants et morts, chacun de son côté dans ses pensées. Je sais que je suis l’autre comme en ce moment je suis moi mais en réalité nous sommes ensemble, et ne pas changer serait changer mais d’une autre façon.





TROU NOIR


(Mardi, après plusieurs tentatives de recherches sur la pertinence de se lever, prendre cette chemise pleine de papiers, et l’emporter enfin au bureau ; il sentit de nouveau ce nuage existentiel qui l’embuait tout entier. 


Il décida simplement d’accueillir cet appel au souvenir, et d’instaurer un rendez-vous avec lui-même, de l’éparpiller sur plusieurs feuilles, puis de les boire en un souvenir déraciné.

Il visualisa sa ville sans bouger de sa chaise et marcha dans ses rues principales, il aimait la Pila del Mono[1], la Calle  de la Pulmonía[2], la Casa del Fundador, Bolivar sur son cheval, les tas de belles églises, mais surtout cet air pur à deux mille huit cents mètres. 


Il pensa à Lucia, et ça ne lui suffit pas, Maria non plus, encore moins  Sandra la poète. Il finit comme toujours par penser à Juanita, mais il changea d’avis. Il voulut penser aux trous noirs de Stephen Hawking et écrire quelque chose sur ce sujet, il finit par écrire autre chose, ce qui le rendit assez joyeux, mais ça n’avait rien à voir ; mais il n’en était pas sûr, mais après tout peut-être que si). 


(Mardi avant dix heures, peut-être la nuit, mais ça aurait pu être le jour)


« Elle est toute sexe, sa vie même est sexe, elle pense sexe, se baigne sexe, ses pensées sont sexe. Rien autour d’elle ne se trompe car elle combine tout avec le sexe, elle est sexe en vie.


Elle commence par ressentir dans chaque caresse les hors d’oeuvres de l’amour, tout lui plaît, elle a des orgasmes et encore des orgasmes, elle comprend l’autre alors elle lui dévoile son plaisir ; son sexe purifie tout, reconnaît tout et le plus important, il n’analyse rien.


Peu lui importe si la gauche se radicalise, si la ville est bombardée ou si Pedrito est parti au combat. Tout ce qui l’intéresse c’est de combler son sexe avec un autre sexe, ou avec elle-même ou avec quelque chose. Pendant les nuits de sexe, elle aime et aime et dans la plupart des cas elle vole et vole, ils sont peu nombreux à résister à ses délires, et au temps.

Son vagin c’est sa maison, sa salle des fêtes, où elle se réunit et parle, où elle réfléchit à ses décisions futures, où elle se repose, mange, dort, dissimule, entre en compétition, rêve, où elle se souvient et soigne ses frustrations, où elle reconstruit les manques de l’enfance : là, elle dit perdre jusqu’à la peur de mourir.


Mais ensuite, à cause de cela elle découvre la peur de la mort. Elle raconte, résiste, applaudit, il lui sert à tout.


Son vagin, c’est son plaisir maximum, sa déception, très souvent son unique ami et conseiller. Avec lui, elle peut tout pressentir, tout résoudre, tout dénouer. Sa compréhension littéraire, son souhait le plus profond, les lettres, la littérature, sa grammaire élémentaire, ses classiques préférés. Et dans ce sens-là, tout se vaut.


Elle reconnait les valeurs lointaines, elle découvre de nouvelles directions, de nouveaux chemins, elle décourage les courageux. Son vagin et sa bouche sont interconnectés si bien qu’elle rit tout le temps, et parfois non. Mais sa bouche reflète l’état de son vagin. Il est facile de détecter l’humidité de son sexe par les lèvres de sa bouche.


Puis elle interconnecte sa bouche et ses yeux et l’on peut dire que comme  sa bouche ils représentent la satisfaction ou la frustration de son vagin. Un exemple : si ses yeux brillent et sa bouche est humide et souriante à ce moment-là elle est prête pour  l’amour. Mais toujours elle rit, ses yeux toujours donnent l’impression d’une joie immense. Il est rare de la trouver la bouche fermée ou le regard lointain et perdu, elle est toujours présente, consciente, concrète, décidée.


Ses mains se meuvent comme si elle était en train d’aimer. Elle les baisse et les soulève, lève les bras, ses mains se mettent à voleter, à voler, à fendre l’air illuminé.


Tout son système, ses circuits intègrent le sexe qui vit, distillant sa salive, caressant une épaule, marchant enveloppée d’un air sexué.


Son vagin la transporte, lui offre le sommeil nécessaire, les vicissitudes du temps, il amortit les coups, désinhibe le discret, relance le génie, reconstruit les ruines. Elle comprend le sens du monde et son étrange stupidité.


Son vagin est son univers, l’infiniment petit commence là, et dans l’infiniment petit elle découvre que c’est en réalité infiniment grand. La voie lactée lubrifiée par l’homme. Le trou noir dans lequel le temps et l’espace n’existent pas, la quatrième dimension quantique des quatre autres antérieures et qui étaient entre elles.


Elle le sait, c’est pour cela qu’elle prend soin de ses planètes, elle les fait tourner et consteller  comme il lui plaît, elle leur trace de nouvelles trajectoires, leur cherche de nouveaux satellites, elle les apprivoise et les retire. Elle arrête les comètes, leur fait croire qu’elles vont entrer dans son orbite mais ensuite elle les détruit, change leur trajectoire.

Elle sait que c’est le plus simple et le plus complexe, que la vie en dépend et en résulte. Elle a raison de penser que son vagin est le centre de l’univers. C’est pour cela qu’elle l’exhibe sur son visage, s’en glorifie, le porte sans complexes, sans préjugés, simplement car il est sa raison, sa vie, le commencement et la fin, mais surtout le commencement.


Elle sait que tout le reste n’est que distractions pour trouver le meilleur moment pour vivre le sexe ; le travail, les conversations, les rencontres, l’art. Elle n’aurait pas besoin de tout cela, mais le fait cependant.


Elle apprend à se distraire comme tout le monde, mais elle ne se distrait jamais car elle pense toujours au sexe. Et tout, elle le reconnaît, je le reconnais, tourne autour du sexe. Les fusées spatiales, la nourriture, la mer.


Le monde que nous voyons est une transposition du sexe. Les clés, les serrures, les disques vinyle, les platines pour disques vinyles, le tiroir, la plume, le crayon sur le papier, le taille-crayon, le tunnel, le pont, (les nuages, non, car ils sont mangés par Dieu), l’antenne, le four, les ascenseurs, les tours jumelles, les avions, les avions dans les tours jumelles. La bombe atomique. Les fruits, les fleurs, la terre, le jardin, les outils, les forêts vierges.

Mais ce qui est important pour elle, c’est son univers, le vagin-univers qui explique tout. Pour nous distraire du sexe nous créons des choses qui lui ressemblent. Et tout, alentour, se construit ou se modifie par le sexe.


Et puis ça lui prend de faire l’amour, sexe en tous lieux, les maisons, les ponts, les nuages, l’horizon bleu.


Elle pense, en faisant l’amour, qu’elle ne pense pas, que ça ne vaut pas la peine de se poser de questions, car les choses sont ainsi et elles changent et parfois non, et nous passerons et d’autres suivront, grâce au sexe, d’autres suivront, mais cela ne la préoccupe pas non plus.


Elle sourit, avec sa bouche mouillée. La chaleur de sa bouche aussi est proportionnelle à celle de son vagin. Sa bouche est chaude, l’air, ses airs renouvellent le sens des choses.

Ose être, simplement, mets-toi à l’aise, oublie le protocole et les codes sociaux qui sont hypocrisie, l’anti-sexe.


Ceux qui ont instauré ces codes voulaient mettre un frein au sexe. Alors, elle s’offre simplement, lentement, elle oublie son humanité. Elle contemple les nouvelles formes humaines, redécouvre sa solitude moins seule, apaise les angoisses, oublie le passé, le futur de toute façon n’existe pas et le présent passe très rapidement. Pour certains moins rapidement.


Et comme si elle renaissait elle renouvelle l’air qui se répand en son sein, qui anime chaque pore, chaque cellule, chaque battement qui la compose. La voici à nouveau qui escalade la montagne du sexe, qu’elle oublie pour avoir tant pensé au sexe, renouvelant l’air et l’air toujours plus aérien jusqu’à atteindre l’anti temps l’origine et la fin, sans espace, ni temps. »

Voici quelques images de sa conférence:



 Présentation de la conférence par notre présidente Monique LECLERC.












































Compte rendu de Monique Leclerc:


Laur’art : une soirée très instructive : comprendre la naissance des cartels de la drogue en Colombie, avec Edwin Molina.

Au cours de cette soirée l’historien franco-Colombien Edwin Molina nous a d’abord dressé un portrait de son pays la Colombie, et du contexte historique qui a vu la naissance des cartels. La Colombie est un pays contrasté par son relief : la capitale Bogota est à 2600m d’altitude, c’est une région assez froide, tandis que sur la côte les températures sont beaucoup plus douces (jusqu’à 40°) ; le pays est caractérisé par des « étages thermiques » très variés, et une grande diversité biologique et agricole.

Au plan historique, on constate depuis les années 70 un grand sentiment d’insécurité dans la population, lié à un climat de violence dont les habitants, la plupart totalement pacifiques, sont les premières victimes. Un rapide retour historique nous apprend qu’avant la conquête par les espagnols au début du 16èmè siècle, les indiens étaient une population « tranquille », sereine, des agriculteurs et des artisans orfèvres, qui travaillaient magnifiquement l’or local. Ils offrirent peu de résistance aux espagnols, mais très vite les jeunes générations ont refusé la tutelle espagnole, ce qui a entraîné de nombreux conflits et créé un climat de violence, jusqu’à la libération de toute la région par Simon Bolivar. 

Au cours des siècles suivant le pays s’organise autour de deux grands courants de pensée : les conservateurs associés à l’église catholique, très présente dans le pays, et les progressistes, inspirés par la révolution française, et le travail de traduction du texte des droits de l’homme en espagnol par Antonio Carino. Les représentants des deux partis, tous membres d’une élite aisée, gouvernent à tour de rôle. En 1948, l’assassinat d’un progressiste taxé de « communiste », très proche du peuple par son éloquence, entraîne une grande période de violence, de nombreux massacres entre les deux partis. C’est dans ce contexte que naît Pablo Escobar, à Medellín ; issu d’une famille de la classe moyenne (mère institutrice, père cultivateur) il souffre du départ de celui-ci et organise sa vie autour d’un seul but : « gagner de l’argent ». Dans le même temps on assiste à la naissance des guérillas de gauche : trois ou quatre groupes de guerilleros dont les FARC, révolutionnaires, et de groupes de paramilitaires proches de l’extrême droite : dans ce moment d’opposition violente entre tous ces groupes, Pablo Escobar comprend comment, dans un pays agricole pauvre, il peut gagner beaucoup d’argent en développant le commerce de la coca. 

Cette feuille traditionnellement mâchée par les indiens depuis la nuit des temps pour lutter contre le mal des montagnes, et aider au travail en altitude, va être transformée en drogue sous la forme connue de cocaïne, consommée d’abord par les pays riches, États-Unis, Europe…Le pays est alors en pleine turbulence, mais notre historien souligne que malgré tout l’économie fonctionne, les colombiens forment un peuple joyeux en proie aux problèmes sociaux. Ce que Pablo Escobar va comprendre et exploiter : il devient très riche et investit une partie de ses gains dans de vastes programmes sociaux : piscines, terrains de sports, immeubles, et il alimente les guérillas de gauche. En 1985 la prise par l’une d’elles du Palais de justice national entraîne la perte de tous les dossiers de justice liés au trafic de drogue ; Pablo Escobar devient alors l’ennemi public n°1 recherché par toutes les polices de Colombie, des États-Unis et des pays d’Europe. 

Il multiplie les actions violentes : assassinats de policiers , assassinat d’un candidat à la présidence du pays, attentats contre des avions…Au final le président colombien en accord avec les États-Unis décide de faire une trêve et il est placé de son plein gré dans une « prison » construite pour lui et contrôlée par lui, ce qui révolte bientôt une partie de la population ; lors d’une tentative de transfert, il s’enfuit, se cache auprès des siens, ceux qui le soutiennent, ceux qu’il a « arrosés » de son argent ; mais la chasse à l’homme recommence et c’est grâce au travail d’un groupe : le cartel de Cali, qu’il est arrêté et abattu par la police en 1990. 
Il est important pour la jeunesse colombienne de comprendre que Pablo Escobar n’est pas un héros : il a fait beaucoup de mal à la population, à l’image de la Colombie, donnant le mauvais exemple de l’argent facile. Mais il est aussi le produit d’une société violente, associée à un contexte mondial de richesse de certains pays et de développement du commerce en dollars, avec une demande sans cesse croissante pour les drogues. 

Edwin Molina nous explique alors que le commerce illicite de la drogue s’appuie sur une grande hypocrisie de la part des dirigeants : les sommes brassées sont énormes, les fortunes en millions, parfois milliards de dollars ; cet argent, placé dans les paradis fiscaux alimente l’économie mondiale. Selon l’historien la lutte contre les trafiquants ne s’attaque pas à la vraie cause du problème : la demande des consommateurs des pays riches ; pour combattre ce fléau il faudrait s’appuyer sur l’éducation, dépénaliser et encadrer la consommation ; il compare l’interdiction avec la période de la prohibition de l’alcool aux États-Unis et les troubles qu’elle a engendrés avant la légalisation. Il faut engager une réflexion au niveau mondial sur la possible dépénalisation de la consommation.

Enfin il conclue en répétant qu’il ne faut pas accuser la Colombie, ni rendre ses habitants responsables d’un trafic qu’ils subissent : les colombiens sont des gens instruits, gentils, c’est un pays qui compte de nombreux artistes, de grands sportifs, et qui mérite mieux que d’être toujours associé à l’image des trafiquants. C’est un pays qui a des ressources économiques par son agriculture, principalement maraîchère, et le gouvernement cherche à encourager une politique de « substitution » pour les agriculteurs qui cultivent la coca, et doivent maintenant se reconvertir vers d’autres pratiques. Une image plus positive d’un pays magnifique et qui s’ouvre maintenant au tourisme.







[1] Pila del Mono : une fontaine surmontée d’une sculpture en forme de singe, lieu emblématique de Tunja, Colombie.
[2] Calle de la Pulmonía : littéralement, rue de la Pneumonie. Une rue connue pour son courant d’air glacial, à Tunja, Colombie.



IMAGES PRISES LE 11 OCTOBRE 2018 A LAURENAN PAR JOSE MARIA GIL PUCHOL

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