lundi 17 septembre 2018

Les questions de bioéthique: la procréation médicale assistée...











    Dr LE LANNOU




DR LE POUL


Jeudi 18 octobre 2018. 


Conférence suivie d'un débat sur deux thèmes du débat national de bioéthique: 

la procréation médicalement assistée par le 

Dr Le Lannou, 

ancien directeur du CECOS de Rennes; 

et l'amélioration de la fin de vie par le 

Dr Yves Le Poul, 

médecin généraliste formé à la psychiatrie, et intervenant actuellement dans plusieurs structures pour personnes âgées comme médecin coordinateur.





Bioéthique : 



le point sur les débats autour de la procréation et la fin de vie.



Le jeudi 18 octobre, l’association Laur’art a choisi de faire vivre le débat autour de deux grandes questions de société : qu’est-ce que donner la vie ? qu’est-ce qu’accompagner la fin de vie et mourir dans la dignité ? 

Pour aborder ces deux thèmes nous avons invité deux médecins : sur le thème de la procréation, le Docteur Le Lannou, ancien directeur du Cecos à Rennes (Centre d’étude et de conservation des ovocytes et du sperme humain) nous aidera à comprendre les enjeux des différentes techniques aujourd’hui disponibles pour faciliter la procréation : il expliquera ce qu’est l’âge de la fertilité ,la baisse de fécondité observée chez les jeunes couples, et ce qui a rendu nécessaire  l’aide à la conception d’un enfant (PMA), y compris chez les couples de même sexe. Il évoquera la loi actuelle sur les questions de procréation, et les pistes pour un changement de la loi sur la PMA (procréation médicalement assitée) et éventuellement la GPA (gestation pour autrui). 

Sur le thème de la fin de vie, le Docteur Yves Le Poul, médecin généraliste et coordonnateur en Ehpad dans la région de Merdrignac, nous parlera de la loi Léonetti telle qu’elle existe, de son application, et de la demande des malades pour une fin de vie dans la dignité. Il nous parlera en particulier de son travail au sein des Ehpad, pour permettre autant qu’il est possible aux malades en fin de vie de rester dans la structure, d’être soulagés, accompagnés par les familles et une équipe de soins palliatifs, afin d’éviter toute hospitalisation prolongée. 

Autour de ces sujets graves, le comité national d’éthique dirigé par le Professeur J.F. Delfraissy, vient de donner un avis consultatif qui devrait intervenir lors des débats parlementaires à venir : quelle sera l’évolution de la loi ? il est important que chacun puisse débattre et bien comprendre les enjeux autour de ces questions.


Ci-dessus, le Docteur Lannou; derrière, le Docteur LE POUL. Photo Dominique Tardivel.





Laur’art compte-rendu de la soirée du jeudi 18 octobre : débat de bioéthique.

Première partie par Dominique Tardivel.


            Le docteur Le Lannou, ancien directeur du centre d’étude et de conservation des ovocytes et du sperme humain,  a débuté son propos par un récapitulatif historique. En fait, le centre d’études et de fécondation du sperme humain (Cecos) existe depuis 1973. On met alors en place une philosophie du don de sperme : solidarité, gratuité, anonymat. 


            Toutefois, les questions que l’on se pose aujourd’hui étaient déjà d’actualité : alors une première loi de bioéthique est-elle publiée en 1994 puis elle sera révisée en 2004 puis en 2011. 

            Aujourd’hui, on ne remet pas en cause la gratuité mais on parle de « remboursement de frais. »

            Par ailleurs, nous sommes l’un des seuls pays d’Europe qui maintienne l’anonymat. En fait, les couples receveurs souhaitent, à 90%, que l’on conserve cet anonymat. De la même façon, les donneurs ne sont pas prêts à assumer leur paternité. Par ailleurs, selon le Docteur Le Lannou et contrairement à ce qu’on entend parfois dans les média,  les 50 000 enfants, nés en France d’un don de sperme, ne sont pas désireux  de connaître leur géniteur. Toutefois, récemment, le Conseil national d’éthique a donné son feu vert « un peu vite » à la levée de l’anonymat. Un problème se pose également : les antécédents familiaux qu’il est bon de connaître lors d’une consultation médicale. On pourrait alors les faire connaître à l’enfant et sa famille sans toutefois divulguer l’identité du géniteur. 

            Selon le médecin, l’arrivée de la P.M.A. pour les femmes seules et les couples de lesbiennes  change la donne. En effet, jusqu’alors, on venait en aide à des couples infertiles ou hypofertiles. Désormais, on quitte le cadre strictement thérapeutique pour le domaine des cas particuliers. Dès lors, est-il juste que la P.M.A. soit remboursée par la Sécurité sociale alors que nous ne sommes plus dans le médical ? D’ailleurs, on assiste à des dérives comme la conservation des ovocytes pour convenance personnelle en attendant « le bon moment. » Quant à la gestation pour autrui, au-delà des cas particuliers de vedettes des média, elle pose question dans la mesure où elle scelle la marchandisation du corps humain. En Asie, des femmes vont proposer leur ventre mais pour des raisons financières uniquement. Elles sont rémunérées bien sûr mais bien moins que les intermédiaires qui, eux, « se sucrent » au passage. Et, si par malheur, l’enfant est mal formé, qui voudra de lui ? 

            Cet exposé très riche, sans langue de bois, a suscité l’intérêt des personnes présentes qui ont formulé des questions ou apporté leur propre témoignage.
  
 
 
Les assistants à la conférence écoutent attentivement les consignes des Docteurs LANNOU et LE POUL. Photo dominique TARDIVEL.
 
 
 



2ème partie de la soirée animée par le Dr Le Poul par Monique Leclerc.



            Le Dr Yves Le Poul nous a d’abord présenté son parcours professionnel : après sa formation de médecin et sa spécialisation en neuro-psychiatrie dans les années 60, il a choisi de s’installer à Ploërmel comme généraliste, et d’assurer le suivi des malades dans un service hospitalier de gériatrie ; aujourd’hui retraité, il poursuit son activité en tant que médecin coordonnateur dans deux EHPAD de la région, Merdrignac et Mur-de Bretagne. 


            Premier constat : l’espérance de vie des personnes n’a cessé de s’allonger, particulièrement depuis la fin de la seconde guerre : elle est aujourd’hui de 85 ans pour les femmes et de 79,5 pour les hommes dans notre pays. Il y a 500 000 décès en France chaque année, pour 700 000 naissances (en 2015). Les facteurs de la longévité sont multiples : facteurs sociaux, sanitaires, nutritionnels et environnementaux. Cette longévité accrue pose évidemment la question d’un accompagnement digne et solidaire des personnes en fin de vie.


Dans les Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), on n’accueille plus des personnes valides et assez jeunes, comme par le passé, mais des personnes ayant autour de 90 ans, souvent polypathologiques ; les personnes plus jeunes étant maintenues le plus longtemps possible à domicile, selon leur volonté, et grâce à l’aide de services « à domicile » de plus en plus efficaces. Le médecin coordonnateur est chargé de plusieurs missions : veiller à la qualité de l’accueil des personnes, selon des règles et des protocoles nationaux ; le choix des entrants ; et la formation des personnels de soin ou équipes soignantes. L’accueil de personnes très âgées est rendu possible par les grands progrès effectués par la médecine, en particulier en cardiologie : les traitements médicamenteux ont permis d’améliorer de façon importante le confort et la longévité des personnes âgées et des malades. 


Quand un pensionnaire a besoin d’être hospitalisé, son hospitalisation sera le plus souvent un court séjour, et l’établissement fait son maximum pour faire revenir rapidement les personnes qui sont attachées à garder leurs repères. Quand arrive la fin de vie, les Ehpad gèrent cette période selon la loi Léonetti : assurer un confort du malade en liaison avec les familles ; lutter contre la douleur et éviter autant qu’il est possible le transfert à l’hôpital : ainsi pour les cas lourds il est fait appel à des collaborations avec les services de soins palliatifs (hôpital de Kério-Pontivy) qui permettent de placer les malades sous morphine ; la morphine, autrefois proscrite, est aujourd’hui largement utilisée en fin de vie pour soulager les patients ; elle permet d’accompagner jusqu’à « une sédation profonde » (hypnovel plus morphine) sans douleur ni angoisse, dans le respect de la loi Léonetti-Claes, révisée en 2015. Cette loi cherche également à éviter tout acharnement thérapeutique ou « obstination déraisonnable ».


La dernière question abordée est celle de l’euthanasie : elle est interdite en France et des sanctions graves sont encourues par les médecins qui la pratiqueraient. Mais elle est possible dans les pays voisins et des personnes en France y font appel. Le Dr Le Poul nous parle alors des « directives anticipées » : un document que chacun peut rédiger et confier à son médecin traitant ou ses proches, pour préciser les limites de son maintien éventuel en survie artificielle. En France, 45% des médecins seraient favorables à une aide sous forme d’euthanasie quand elle est demandée par les patients, mais le Dr Le Poul nous dit qu’il ne se sent pas prêt pour ce type d’intervention et souhaite continuer à accompagner les patients dans le cadre de la loi actuelle.


De nombreuses questions posées par le public ont permis de voir les  problèmes posés par l’accompagnement du grand âge, en particulier au plan financier, quand les établissements privés proposent des prix souvent beaucoup plus élevés que les revenus de la personne ; et le Dr Le Poul précise le financement tri-partite des Ehpad : caisse de retraite, Conseil Départemental, familles ; mais il fait remarquer une baisse des demandes d’admission en Bretagne qui laisse supposer des difficultés pour les familles d’ordre financier. Certains posent alors la question du financement par une assurance privée tout au long de la vie, en plus de la solidarité ?


 La soirée se termine en remerciant nos deux intervenants pour la qualité de leurs informations, la chaleur humaine et la générosité qui se dégagent de leur personne et de leur propos.



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"La tranchée des bagnards" 

Paru le 4 novembre 2016 


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Une abbaye maritime bretonne.

Paru le 11 janvier 2016


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